Il y a un beau soleil, on dirait qu'on est en vacances, n'est-ce pas ?

Publié le par Annie G

Il y a un beau soleil, on dirait qu'on est en vacances, n'est-ce pas ?Il y a un beau soleil, on dirait qu'on est en vacances, n'est-ce pas ?Il y a un beau soleil, on dirait qu'on est en vacances, n'est-ce pas ?
Il y a un beau soleil, on dirait qu'on est en vacances, n'est-ce pas ? Quel réconfort de puiser dans nos provisions... de livres.
 
 
J'avais publié cet article sur facebook une semaine après le début du confinement décrété pour lutter contre la pandémie de covid-19. Afin de faire partager mes lectures du moment, puisées quelques semaines plus tôt dans les boîtes à livres de mon village... Le virus avait donc eu le temps d'aller visiter d'autres surfaces, d'autant que je désinfecte toujours scrupuleusement les ouvrages en ma possession...
 
Une chose est sûre : nids à microbes ou pas, les livres ont été les compagnons fidèles, tous comme des êtres proches et chers, de nos journées et soirées à réinventer lors de cet épisode épique de nos vies... Et comme tous les amis fidèles, une fois l'épreuve surmontée ensemble, on sait qu'on pourra toujours compter sur eux...
 
Le 21 mars 2020 :
Alors, ces jours-ci, je me suis plongée dans trois ouvrages : « Imogène, vous êtes impossible», d'Exbrayat. « La soupe des autres », de Yvette Frontenac, et « la nuit de Walenhammes », d'Alexis Jenni.

 

Distraite et séduite par la série télévisée, j'avais oublié l'Imogène de papier. Exbrayat nous offre une peinture assez hallucinante d'une d'Ecosse des années 50-60, dont j'ai du mal à croire qu'elle était aussi truculente, en anglais “truculent”, que l'auteur nous la montre. Mais l'intrigue est si bien enveloppée dans les vapeurs de whisky des meilleurs tonneaux, - la part des Anges, la marque du Génie -, et les clameurs des pugilats en tous genres où l'on lave son honneur – comme disait Nougaro, « ici, même les mémés aiment la castagne », qu'on ne voit même pas que l'on est porté subtilement vers la solution de l'enquête, un peu interloqué de s'être laissé embarquer dans cette nef des fous. En tout cas, un super dégel hydroalcoolique, plus alcoolique qu'hydro d'ailleurs, mais bien décapant et propre à déconcerter le premier virus venu qui se la pète.
 
J'ai choisi ce gros roman dans la boîte à livres du village, il y a quelques temps. J'y trouve souvent des romans de terroir écrits par des auteurs du sud-ouest. Sont-ils particulièrement prolifiques, ou sont-ils si attachés à leurs racines ? Il y en a que j'aime, d'autres moins. Coup de chapeau à cette merveilleuse dame qu'était Yvette Frontenac, disparue en 1998. De Borée a réédité ses romans, et je vous recommande cette nourrissante « soupe des autres », d'une très belle écriture qui coule comme l'eau des sources de ce beau pays du Lot. L'auteure sait rendre ses personnages si vivants, qu'on a du mal à les abandonner en refermant le livre. Beau récit qui nous fait découvrir la très belle région de Cahors, avec une talentueuse manière de décrire sans ennuyer. La vie à la campagne avant et après la grande guerre, campée de façon pittoresque, avec ce génie de nous faire toucher du doigt et du cœur, la dure réalité des terroirs.
 
D'ordinaire, je me méfie des Prix Goncourt. Parce que, d'une manière générale, j'aime bien finir ce que j'ai dans mon assiette, et que « ce que je mangerai plus tard » une fois refroidi, est immangeable comme la vengeance. J'ai tort, évidemment, j'en veux pour preuve, ce Goncourt trouvé dans la boîte à livres, « les champs d'honneur » de Jean Rouaud, d'une écriture si superbe, si humaine pour parler de la vie, de qui nous sommes, que j'en suis restée interdite, baba, sans voix, les yeux mouillés. Mea Culpa.
Alors, j'ai récidivé et pris dans la boîte à livres « la nuit de Walenhammes », du Prix Goncourt Alexis Jenni, le bien nommé. Ne le lisez pas, c'est affreux, insoutenable, faut-il en rire ou en pleurer, ça se glisse subrepticement dans les interstices sans avoir l'air de rien, d'un récit gris d'ardoise magnifiquement campé dans la Flandre wallonne par cet enfant de l'Ain. Apocalypse now, une ville au milieu de nulle part qui se meurt après que l'industrie soit morte elle aussi, en laissant ses scories et ses friches architecturales et psychologiques. Mais l'enfer n'y peut rien. Je veux dire qu'il ne peut rien contre la vie. Il y a les veilleurs. Ceux qui résistent. Et il y a les mots. Pour dire que la beauté se cache partout, pour qu'on la cherche comme des œufs de Pâques dans l'herbe, fût-elle contaminée par la dioxine ou ce que vous voudrez. Ce livre est un livre d'images et de mots, de mort et de vie. Le héros pose un regard journalistique, ( c'est pour se protéger) sur un monde dévoyé par les hommes, par le profit, par ceux qui ne savent pas que l'exploitation des autres est un réflexe de peur. Et cette peur amène le monstre à se manger une patte chaque jour. A bon entendeur...
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article